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V
INTRODUCTION.

de publier les preuves de mon déshonneur. J’approche de la cinquantaine, disait-il encore moins de quatre mois avant sa mort ; or, depuis l’âge de seize ans, je suis maître absolu de ma conduite : j’ai vécu deux années à Bordeaux, dix à Londres, une à Dublin, une à La Haye, à Utrecht, à Amsterdam, dix-neuf à Paris, et j’ai parcouru la moitié de l’Europe. Qu’on compulse les registres de police de ces divers pays, je défie qu’on y trouve mon nom pour un seul fait illicite. Qu’on aille aux informations, je défie que personne sous le ciel puisse me reprocher une action déshonnête.

A ces déclarations si précises, si formelles ; à ce défi de V honnête homme outragé, combien ont répondu ?

Pas un, mais quand vaincus au 31 mai 1793 et victimes plus tard de l’ostracisme dont ils avaient voulu frapper la députation de Paris, et Marat tout particulièrement, les Girondins eurent aiguisé le poignard qui plongea l’Ami du peuple dans la tombe ; quand Marat, qui les avait sommés de répondre publiquement, n’était plus là pour se défendre et les confondre ; alors ces faux hommes d’État, ces intarissables beaux parleurs qui ne savaient agir, descendant à la plus basse des vengeances, calomnièrent la mémoire de celui qu’ils n’avaient osé attaquer en face. C’est vous, mânes des Louvet, des Buzot, des Barbaroux, des