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II
INTRODUCTION.

en juger par l’accueil favorable que le public a fait à son ouvrage, comme aussi par les condamnations pécuniaires et afflictives qu’il a encourues de la part du pouvoir impérial.

L’ouvrage de Bougeart restera un plaidoyer victorieux que personne ne tentera de refaire, encore moins de réfuter. Ce que ce travail a coûté de temps et de labeur, l’auteur seul le sait. C’est qu’il s’agissait avant tout de la lecture consciencieuse et suivie d’une trentaine de volumes de sciences, de philosophie ou de politique ; de l’examen scrupuleux de plusieurs centaines d’opuscules, de brochures ou pamphlets ; de consulter nombre de mémoires ou d’historiens pour arriver à connaître la nature et le fondé des accusations ; c’est qu’il s’agissait de savoir au juste si Marat n’avait pas, par un seul écart, justifié quelqu’une des innombrables inculpations portées contre lui, écart que la perspicacité de ses ennemis n’aurait pas manqué de découvrir et de relever avec éclat ; c’est qu’il s’agissait de coordonner ses principes-, sa politique, ses actes, et de juger s’ils étaient toujours d’accord avec l’intérêt public, la nécessité et la logique. Un travail aussi complexe, aussi délicat et qu’il fallait limiter à un appel en cassation, rendait impossible l’exposé suivi de l’œuvre politique de l’Ami du peuple.

L’œuvre politique de Marat restait donc à faire ;