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A. CHEVALLIER.

énoncées plus haut, de la mélasse, du rhum et un peu de sucre candi.

Café de dattes. — On a fait une préparation avec les noyaux de dattes que l’on voulait substituer au café.

Cette liqueur assez agréable à prendre n’avait cependant pas l’arome si apprécié du café. Elle ne jouit pas des propriétés excitantes de la fève du caféier.

Café des dames. — On a donné ce nom à des châtaignes sèches, torréfiées et réduites en poudre.

Café chicorée. — Les falsifications les plus nombreuses qui ont été faites du café, ont eu pour base la chicorée torréfiée, dont l’emploi a été et est encore considérable, chicorée qu’on a baptisée à tort du nom de café.

Si l’on remonte à ce qui se rapporte à ce produit, ou voit que vers 1774, Valmont de Bomare disait : que quelques personnes tiraient une espèce de café en prenant des racines de chicorée sauvage, les nettoyant, les partageant en quatre, les faisant sécher, les torréfiant et les réduisant en poudre.

Si l’on étudie l’histoire de la fabrication, on voit qu’en 1772, plusieurs Allemands et Hollandais établirent dans leur pays des fabriques de chicorée torréfiée.

Vers 1801, le prix du café étant très élevé, Orban (de Liége) et Giraud apportèrent en France l’industrie de la fabrication de la chicorée. Orban établit sa fabrique à Liége et Giraud à Ounaing.

À cette époque ces deux villes étaient sous la domination française.

En 1814, lorsque la Belgique cessa d’appartenir à la France, Orban vint s’établir aux environs de Valenciennes ; là commença dans notre pays la fabrication de la chicorée torréfiée dit café-chicorée, fabrication qui prit une extension considérable, l’usage de la chicorée torréfiée en ayant fait une denrée de première nécessité.

On a aussi essayé pendant le blocus continental de faire usage, comme succédané du café, du Cyperus esculentus, de la pistache de terre, Arachis hypogea, du gratteron, Gallium aparine, de la fougère mâle, Polypodium filix mas, du lupin blanc.


DES FALSIFICATIONS DU CAFÉ.

À l’emploi des succédanés du café a succédé la falsification du café, et cette falsification est telle qu’elle a corrompu le goût ; en effet, autrefois on prenait un café limpide d’une couleur blonde, aujourd’hui il faut, à la plus grande partie du public, un café noir, épais, qui, pour nous, n’est plus du café.