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DU CAFÉ ET DE SES FALSIFICATIONS.

Nous nous élèverons ici, autant que nous pourrons le faire, contre la vente des cafés avariés, soit par suite de maladie du caféier qui les a produits, soit par suite d’accidents survenus pendant le transport. Des cafés reconnus contenir des graines de café flétries, avortées, des cafés avariés, devraient être détruits par l’ordre de l’Administration.

Ces cafés, recherchés par certains commerçants, deviennent un sujet de fraudes nuisibles à la santé des personnes des classes inférieures, qui ont besoin plus que toutes autres de ne faire usage que d’aliments sains et de bonne qualité.

La vente de ces cafés n’est pas seulement nuisible à la population, elle l’est pour les négociants qui n’achètent pas ces cafés, et qui, vendant des marchandises saines, ne peuvent lutter contre ceux qui font des mélanges.

Les cafés avariés par suite de maladie du caféier, ou par suite d’une mauvaise dessiccation[1], sont plus rares que ceux qui sont altérés par suite d’avaries[2]. Cependant nous

    rait pas exiger du vendeur qu’il indiquât la nature du café qu’il a soumis à la torréfaction, si c’est du Ceylan, du Haïti, du Bourbon, etc. Nous n’avons pu répondre à cette grave question, qui doit, avant de recevoir sa solution, être un objet d’études sérieuses.

  1. Dans le siècle dernier, l’abbé Charlevoix, Bligny et Labat reprochaient aux planteurs de livrer au commerce des fèves de caféier non sèches et expédiées avant leur entière dessiccation.
  2. M. Champouillon, en parlant des cafés présentés à l’Exposition universelle, se plaignait avec raison du mauvais arrivage des cafés, de leur chargement sur des navires qui souvent font eau et qui portent à la fois des cuirs, des huiles, des épices, des salaisons ; il établit que les cafés, au lieu d’être expédiés dans des sacs formés de roseaux, devraient être expédiés dans des colis fermés et imperméables. À l’appui de ce que disait M. Champouillon, nous citerons le fait suivant, observé sur des balles de cacao qui voyageaient avec des tabacs : le navire fit eau, les cacaos restèrent en contact avec un macéré de tabac, et lorsqu’ils furent vendus et qu’on en confectionna du chocolat, celui-ci détermina des accidents plus ou moins graves. Nous avons encore été à même d’examiner du café et d’autres substances exotiques qui avaient, pendant un trajet sur mer, acquis l’odeur et le goût du baume de copahu.