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A. CHEVALLIER.

À l’époque actuelle, le café est une nécessité, et le nombre d’établissements où l’on en opère le débit à Paris s’élève, depuis l’annexion, à plus de 1576[1].

On en prépare le matin dans chaque maison, et il n’y a pas, nous pouvons le dire avec certitude, de petit village en France qui n’ait au moins un café.

On conçoit, d’après ce que nous venons de dire, que le café, qui est un produit exotique[2], est importé en France en d’immenses quantités. Des recherches que nous avons faites il résulte que l’importation du café en France s’est élevée : 1° de 1827 à 1836, à 17 327 684 kilogrammes ; 2° de 1837 à 1846, à 24 400 119 kilogrammes ; 3° de 1846 à 1856, à 32 633 022 kilogrammes ; 4° de 1856 à 1859, à 86 543 000 kilogrammes.

Ces quantités ne représentent cependant pas la totalité du café consommé en France, par suite de l’usage qui s’était successivement établi depuis 1804 ou 1805, d’additionner le

  1. Dans ce nombre ne sont pas compris : 1° des établissements ouverts sous le nom de crémeries, qui se trouvent dans tous les quartiers de Paris et se multiplient chaque jour ; 2° des marchands de vin où l’on vend du café ; 3° les cafés chantants, dits cafés concerts ; 4° de petits établissements connus parmi les jeunes gens sous le nom de caboulots, où l’on vend des prunes, de la bière, du café, de l’absinthe, etc.
  2. On conçoit que, dans le travail que nous publions, nous n’avons pas à nous occuper du café sous le rapport de sa culture ; nous devons cependant dire que c’est aux Hollandais qu’il faut reporter la propagation de la culture du café. À la fin du xvie siècle, la consommation du café prenant du développement, ils firent venir de Moka à Batavia quelques pieds de caféier : un de ces pieds, transporté dans le jardin botanique d’Amsterdam, produisit des fleurs, puis des graines qui arrivèrent à l’état de maturité. Ces graines furent semées, et l’on en obtint des pieds nouveaux ; l’un d’eux, lors de la paix d’Utrecht, fut envoyé en cadeau à Louis XIV. Ce caféier se multiplia dans les serres du Jardin du roi à Paris ; il devint le germe de la culture du caféier aux Antilles. Trois de ces pieds furent confiés au capitaine de Clieu pour les transporter dans nos colonies, où l’un d’eux seul put arriver, la traversée ayant été longue et difficile. La sécheresse du temps