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Le Roman anglais de Notre Temps Incapable de choisir un credo, impuissant à s'en passer, déçu et renié par le cellicismc irlandais, qui lui paraît rétrospectif, provincial et sans vertu, George Moore finit par obéir à son tempérament de jouisseur intellectuel, de critique, de dilettante. C'est dans ce rôle de commère littéraire qu'il est véritablement lui-même, parce qu'il est toujours en scène. Revenant à l'autobiographie poétique, abondamment colorée, au culte du « Moi » revu et corrigé qui lui avait, dès 1888, fourni les Confessions of a Young Mon, il publie successivement Memoirs of my Dead Life (1906) et la trilogie Hail and Farewell qui comprend Ave {191 1), Salve (1912), Vole (1914). C'est l'histoire anecdotique et largement assaisonnée du mouve- ment littéraire irlandais. L'auteur y prête sous leur propre nom, à ses compatriotes les plus notoires, des conversations, des aventures souvent imaginaires. Ces livres ne manquent pas de sel pour les initiés. Ils renferment quelques portraits charmants et vivants, comme celui de l'excellent poète George Russell (A. E.). Ce sont des romans d'histoire contemporaine. La formule est nouvelle, curieuse, hardie. Là, comme ailleurs, George Moore pense en concierge, maïs écrit en artiste. Son œuvre demeure comme le cinéma littéraire de l'Angleterre et de l'Irlande contemporaines. Avec la même verroterie, il a fourni les images les plus variées de son temps. Il a la personnalité d'un kaléidoscope. Au temps où George Moore importait en Angleterre le réalisme de Zola, Hubert Crackanthorpe, qui vivait à Paris, promettait de devenir un des grands écrivains de sa génération. Wreckage fait penser à Maupassant. Rien de plus sincère que ces nouvelles ; rien de plus triste. En octobre 1896, il disparut de son hôtel. Deux mois plus tard, son cadavre fut retiré de la Seine. j a ,tiz B dbvG00gle

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