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tout bouleversé, un autre âge, plus court et plus troublé, qu’à défaut d’un meilleur terme j’appellerais volontiers l’Âge d’Édouard VII. Cet âge marque le début du xxe siècle comme celui de la reine Anne, non moins court et troublé, marque le début du xviiie.

C’est une réaction. Mais c’est aussi une révolution, et qui procède de l’influence française. La guerre nous sépare si terriblement du passé le plus récent que nous le voyons presque avec le recul de l’histoire. « Les décades centrales du xixe siècle, » dit M. Harold Williams, [1] « étaient presque exclusivement germaniques. La dernière vît un retour systématique vers la façon de voir celtique et française. » Or le roman, dans son ensemble, n’est autre chose qu’une vision de vie.

Un de ces retours invasifs de l’influence française, dans les manières de sentir et de s’exprimer, qui sont presque toujours consécutifs au réveil du catholicisme anglais, se produit donc aux environs de 1890.

L’Angleterre ne connaît guère ces mouvements d’avant-garde, ces revues de « Jeunes », ces pléiades ferventes, qui jouent un si grand rôle dans toutes les rénovations littéraires en France. Elle en eut une, autour du Yellow Book et du Savoy, qui paraissaient alors. C’est là qu’Arthur Symons et George Moore, avec combien d’autres, apportèrent dans le roman par l’exemple de Flaubert, de Maupassant et Daudet, dans la poésie par celui de Verlaine et des symbolistes, ce mélange de réalisme et d’impressionnisme qui a pénétré toute la littérature contemporaine de l’Angleterre.

  1. Modern English Writtrs, 1918. M. Harold Williams, né à Tokio de parents anglais, élevé à Cambridge, est un des jeunes critiques les mieux doués de l’Angleterre contemporaine. Il servit pendant la guerre dans notre armée. Il a publié aussi une étude sur Deux siècles de roman anglais, le xviiie et le xixe.