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Ce panthéisme ne le conduit pas à la joie comme Meredith, mais à la constatation rigoureuse, vigoureuse, courageuse, de ce qui est. Il n’y a pas de pouvoir personnel dans l’Univers, pas de lois, pas de sanction morale. La leçon mélancolique de Tess est que l’innocente est punie quand le coupable échappe. C’est la même histoire que celle d’Hetty Sorrel. Cependant le ton et l’intention sont à l’antipode de George Eliot. Tout se tient dans l’œuvre de Thomas Hardy. Voilà donc à quoi, vers la fin du dix- neuvième siècle, aboutissait, chez-le plus grand romancier du temps, le conflit de la science et de la religion. Démocratie et christianisme faisaient ensemble faillite. La foi en Dieu et la foi en l’homme s’étaient poignardées. Le monde et la vie restaient seuls, encore pleins d’espoir chez Meredith, sans progrès et sans vertu dans la sombre grandeur de Thomas Hardy. Partis d’une même in- croyance, l’un faisait crédit à l’Univers, et l’autre aboutissait au nihilisme panthéiste. En attendant, soit la justification de l’optimisme de Meredith, soit la confirmation du pessimisme de Thomas Hardy, la jeunesse littéraire se réfugiait dans l’esprit fin-de-siècle. Oscar Wilde et les décadents étaient en vue. C’était le crépuscule.