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Roman anglais au XIX me Siècle 59 est supérieure au dogme, à tout dogme, qu'il soit chrétien ou non. Il ne s'agit pas de répondre aux vaines questions de l'intelligence ; c'est une gymnastique utile, mais une pure gymnastique; il s'agit de travailler et de servir. Il n'y a pas de certitude quant au sens et à l'objet de la vie. Voilà pour George Eliot, et Renan est devancé. Mais nous n'avons rîen à gagner et tout à perdre en nous défiant d'elle. On sent poindre ici le pragmatisme. Le critérium, c'est l'é- preuve et l'effort, non le succès. Et tout l'utilitarisme, tout le déterminisme se trouvent oubliés. Tel est le sens de ce culte pour la Mère Terre, qu'il entoure parfois d'un peu trop de nuées. Telle est la source de cette joie, de cet optimisme que respire l'œuvre de Meredîth. La doctrine vaut ce qu'elle vaut. Son effet n'est pas discutable Elle n'est point une abdication de l'intelligence, une traite sur l'instinct, avec le protêt en perspective et la résignation pour tout baume. L'émotion, l'humour, le sentiment y ont une place, mais n'ont qu'une place. Meredîth abhorre les vapeurs bruyantes du rire, et la buée facile des larmes. C'est une doctrine active, pour gens courageux et intelli- gents. Nous avons, nous aussi, vers le même temps, eu dans l'art une école panthéiste. Et le grand contemporain de Meredîth, Thomas Hardy, pratique aussi le culte de l'Univers. Mais il aboutit à la désespérance passive, parce qu'il élimine la vertu de l'effort, la confiance en l'action, la foi dans la solvabilité de la race et de la nature. On ne prête qu'aux riches ou aux victorieux. Meredith croyait absolument, joyeusement, à la victoire de son univers et de son espèce, à condition que chacun fit sa besogne, gagnât son coîn de bataille. Aussi plusieurs des œuvres de Meredith sont-elles des « épreuves » depuis sa première allégorie, The SJiaving 0/ S/iagpat (1H56), qui j a fe B db y Google

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