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Roman anglais au XIX** Siècle 53 sente génération de romanciers anglais, eu l'occasion d'en apprécier la saveur. L'autre est la moisson tardive et incertaine du tempérament et de la personnalité, le fré- quent privilège des écrivains qui n'en ont pas d'autre, ta récompense de ceux qui mirent beaucoup d'eux-mêmes dans leurs œuvres, et ne furent pas seulement l'écho de leur temps, de leur monde ou de leurs lectures. Meredith, Thomas Hardy, et dans un autre sens, plus restreint, Samuel Butler, jouissent aujourd'hui de cette vie littéraire qui se retire de George Eliot et déserte Mrs. Humphry Ward. C'est par l'intelligence, les livres, les idées, qu'elle paraît, dans toute son œuvre, avoir abordé la vie. Elle ne s'en défend point. Son talent est, avant tout, uni- versitaire, académique. Sur une charpente toujours solide, de faits sociaux ou historiques, de phénomènes religieux, politiques ou mondains, elle jette les draperies d'une habile fiction. Sur des sentiments ou des opinions auxquels elle donne une forme humaine, un langage humain, elle ajuste des habits de « gentleman » et des robes de dame. Mais on sent la charpente sous la draperie, et l'abstraction derrière le personnage. Qu'il y ait peu d'humour, de grâce et de gaieté dans ces laborieuses constructions, on s'en console, d'autant mieux que Mrs. Humphry Ward n'y prétend point. Le levain de son œuvre est intellectuel. L'émotion créative s'y manifeste rarement. Mrs. Humphry Ward était vouée à ces vulgarisations distinguées qui sont l'objet des cours publics. Jusque dans le roman mondain, elle a beaucoup enseigné. Ce n'est pas peu de chose. Combien de nos romanciers les plus célèbres, les mieux accrédités, de ceux que les académies ont pourvus de leur brevet, n'ont jamais fait autre chose 1 Cela suffit pour la gloire j a ,tiz B dbvG00gle

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