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Roman anglais au XIX*" Siècle 51 celui de Charlotte Brontë. Au contraire, il l'est beaucoup plus. Il montre à cru des choses dont la femme, pendant la première moitié du dix-neuvième siècle, ne supportait pas l'évocation publique. Il les montre en détail, il leur applique cette passion de vérité précise qui est l'apanage de l'éducation scientifique. A toutes choses, à tous êtres, il rend son hommage d'étude et d'observation sympa- thique. Il est l'ennemi du faux romantisme, de l'invrai- semblable dans les événements, que chérissaient encore les Brontë. On devine ce qui manque à ce genre de roman. Il est trop intellectuel. Dès qu'il devient systématique, il cesse d'être vivant. L'œuvre des Brontë n'est qu'un début. Si elles avaient vécu, elles auraient probablement semé en route leur romantisme, évolué vers un réalisme plus précis et une psychologie moins subordonnée à l'instinct. Elles auraient fait des Adam Bede ou des Mill on the Floss moins intelligents, moins équilibrés. Mais elles n'auraient pas abouti à Félix Holt et à Daniel Deronda. Elles n'auraient jamais écrit Marcel/a ni Robert Elsmere. Il est impossible, dans une étude comme celle-ci, de s'astreindre à l'ordre chronologique. Par exemple, Meredith, Hardy, S. Butler, quoique écrivant en plein âge victorien, sont des hommes du vingtième siècle. Mrs. Humphry Ward, bien qu'elle ait prolongé jusqu'à nos jours sa remarquable activité littéraire, appartient plutôt à l'époque victorienne. Son œuvre, dominée par le prétendu conflit entre la science et la religion, la démocratie et la culture, continue, sans la faire oublier, celle de George Eliot. Elle est partie du roman à thèse pour aboutir au roman politique et mondain, tandis que George Eliot partît de son milieu, de ses souvenirs, de sa £ % D3'««dby Google

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