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À nous, rebelles, il ne jette que du biscuit pour les chiens. Mais la vie de l’esprit est hors de sa région. Nous avons notre lendemain dans sa propre journée, puisque déjà nous ne lui demandons rien. »

Et c’est ainsi que :

« Diana et Emma s’enchantaient à découvrir en chacune d’elles la rebelle de ses années antérieures, et de sa moindre expérience, membre de la faction malcontente, sel de la terre, à qui leur propre sel, elles en convenaient, devait servir de nourriture, et elles le mâchaient avec décision, non sans plaisir. »

Telles furent, non les femmes victoriennes, mais les romancières de leur temps.


C’est le malheur des excursions trop rapides dans les bois trop serrés. Les arbres, dit-on, empêchent de voir la forêt. Il faudrait chercher des « points de vue ». Mais quelle façon artificielle de connaître les bois, si on ne les regarde que d’en haut, c’est-à-dire dans le sens où ils font écran ! C’est la forêt, alors, qui empêche de voir les arbres. Je ne refuse point, on l’a vu du reste, de grimper aux observatoires et de montrer « le panorama » quand l’occasion s’en rencontre. Mais mon objet est de parcourir le bois par les avenues que d’autres ont faites, et quelques cheminets à moi, et de m’arrêter devant les plus beaux arbres, les plus vigoureux ou les plus singuliers. Voici trois bouleaux, pâles et tourmentés, qui ont poussé sur la même racine, et portent sur l’écorce des taches de rouille et de sang.

Le roman le plus pathétique des sœurs Brontë, c’est encore leur mort. Depuis l’excellent livre de M. E. Dimnet[1], personne chez nous n’a plus le droit d’ignorer ces destinées exceptionnelles.

  1. Charlotte Brontë et ses sœurs, par E. Dimnet.