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groupe, de 1739 à 1744 : Pamela de Richardson, Joseph Andrews et Jonathan Wild de Fielding, David Simple de Sarah Fielding. Fuis, cinq ans d’arrêt. Deuxième groupe, de 1749 à 1754 : Clarissa et Sir Charles Grandison de Richardson, Tom Jones et Amelia de Fielding, Roderick Random et Peregrine Pickle de Smollett.

Nouvel arrêt de cinq années. Puis quelques retardataires ou succédanés s’échelonnent jusqu’à The Vicar of Wakefield de Goldsmith (1765), Tristram Shandy de Sterne (1767), Humphrey Clinker de Smollett (1771).

Déjà, en 1764, le roman sensationnel et horrifiant était né, et, avec la fiction terrorisante ou doctrinaire, allait tenir le devant de la scène jusqu’au XIXme siècle.

Il va sans dire, malgré la critique victorienne, choquée par l’amoralité de Defoe, qu’il est un des créateurs du roman anglais au même titre que Richardson et Fielding. Mais sa contribution, isolée, indépendante, devance de vingt ans l’épanouissement simultané auquel ont concouru les autres grands romanciers anglais du XVIIIme siècle. Même en le comprenant dans la période de création du roman anglais, elle ne s’étendrait encore qu’à quarante années, c’est-à-dire un instant si on la compare au développement des autres genres littéraires, drame, poésie, etc.

Or nous connaissons depuis longtemps des exemples d’espèces qui s’éteignent, — le monde est plein de fossiles, — la littérature aussi. Nous en connaissons aussi qui ressuscitent, grâce aux circonstances, après une quasi-extinction. Mais cette explosion de force vitale, ce bond soudain de l’organisme vers une forme nouvelle, cette apparition si rapide et en apparence spontanée d’un genre nouveau, voilà qui fait penser aux récentes découvertes