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Le Roman anglais de Notre Temps trouver chez ces auteurs un caractère commun ou même un groupe de traits analogues qui permettent de les distinguer de leurs devanciers. II n'y a pas plus de com- mune mesure entre eux, pas plus d'unité ni de ressem- blance, qu'entre leurs prédécesseurs immédiats. Tout au plus ose-t-on indiquer certaines tendances qui se retrou- vent dans leurs œuvres. Et, d'abord, il est visible qu'après l'influence de Flau- bert et de Maupassant, qui s'exerça pendant toute la fin du xix me et le commencement du xx™ siècle, celle des écrivains russes et notamment de Dostoïevski s'est fait sentir fortement sur eux avant, pendant, et depuis la guerre. La Russie fut alors l'objet d'une véritable mode littéraire. Nul ne pouvait aspirer au rang d'intellectuel et à l'épithète d'avancé sans être verni de slavisme révolu- tionnaire. Il est peu de romans littéraires qui n'aient, entre 1913 et 1918, été fortement marqués de cette in- fluence russe. Aucun livre n'a été plus lu en Angleterre durant cette période que les Frères Karamazoff. Un mélange de mysticisme et de sensualité, de violence et d'amour, une sorte de sadisme intellectuel, pénétrait alors la mince portion du public anglais qui se pique de litté- rature. L'instinct religieux de la race, qui n'est pas absent même de ses apparences d'irréligion, s'en trouva quelque temps déformé. Dans le beau musée de Dublin (où travaillait alors James Stephens), j'ai vu un « Christ disant adieu à sa mère » qui est de Gherardt David. Pieds nus sur un carrelage gris, jaune et blanc, cheveux épars, longue robe d'un bleu vert, le Sauveur des hommes, tel que l'a représenté ce Flamand primitif, a les traits d'un révolutionnaire et d'un saint russe, qui serait en même temps un thaumaturge. Le grand front bombé, j a ,tiz B dbvG00gle

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