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S’il est une romancière de notre temps qui fût comme vouée à interpréter de nouveau les sœurs Brontë, c’était bien Miss May Sinclair. Elle combine et fond les principaux traits du caractère de Charlotte et d’Emily dans une portion considérable de son œuvre. Elle prolonge l’inspiration de leur œuvre. Elle en complète et précise l’exécution, avec la liberté d’un temps plus libre, à la clarté d’une science plus avancée de l’âme et du corps. Elle sait, en particulier, la gamme de l’hystérie, et l’on est sûr, rien qu’en lisant certains de ses livres, qu’elle est au courant de la psychiatrie moderne et n’ignore rien des maladies nerveuses.

Ce n’est pas une imitation, mais la rencontre spontanée de deux genres de tempéraments, qui la rapproche des sœurs Brontë. Dans celui de ses romans que je considère comme son chef-d’œuvre : The Three Sisters, il se trouve que les circonstances extérieures rappellent le presbytère de Haworth. Ce n’est là qu’une pure coïncidence, sans aucun rapport avec le drame, mais elle ajoute à l’intérêt de cette œuvre remarquable. Que serait-il arrivé, si, les sœurs Brontë restant à Haworth, un jeune homme éligible s’était présenté ? Si les trois sœurs s’en étaient éprises ?

Le pasteur Carteret a tué sa première femme par des maternités inconsidérées. Sa seconde femme l’a quitté parce qu’elle étouffait dans l’atmosphère volontaire de pieux égoïsme qu’il respire.

Sa plus jeune fille, Alice, a rendu impossible par ignorance (et innocence) la situation déjà ébranlée du

    May Sinclair n’a point à se justifier. Quiconque a lu son œuvre avec attention sait, à n’en pas douter, qu’il y a, chez ses personnages féminins, comme chez ceux des sœurs Brontë, bien plus et bien autre chose que ce prurit intellectualisé.