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pas retrouvé le succès de son premier livre, Ships that pass in the Night, bien que The Guiding Thread ne soit pas inférieur.

Le verdict populaire, la consécration de la vogue, m’obligeraient, s’il fallait être complet, à rappeler ici les élucubrations d’Ouida, qui n’est pas encore oubliée en France, les récits mélodramatiques de Mary Elizabeth Braddon (Mrs. John Maxwell), et enfin l’étonnante, la singulière fortune de Miss Marie Corelli. S’il est un de ses ouvrages qui mérite mieux que les autres le merveilleux succès qu’ils ont obtenu, c’est probablement Temporal Power (1902).

Un véritable torrent de popularité s’était déchaîné sur elle dès son premier livre, A Romance of Two Worlds (1886). Miss Marie Corelli occupe depuis une génération le rez-de-chaussée populaire, et Mrs. Humphry Ward le premier étage, plus noble, d’un édifice moral analogue aux Grands Magasins. Dés foules y ont passé, cherchant parmi les accessoires de la toilette religieuse ce qui leur paraît être la dernière mode. La culture, la dignité, la conscience admirable de Mrs. Humphry Ward, la défendent contre l’effet péjoratif de certaines admirations, de certains engouements suspects. Mais, si l’on veut discerner jusqu’où ils ont conduit des romancières moins bien armées, qu’on relise un roman de Leonard Merrick, Cynthia, l’un des plus agréables qu’ait écrits cet excellent conteur. Ceux qu’intéressent les mœurs littéraires de l’Angleterre contemporaine n’y perdront pas leur temps. Ils auront, par surcroît, le privilège de connaître un livre qui, ne rappelant aucun modèle, n’en est pas moins un petit chef-d’œuvre, et un auteur qui, ne se rattachant à aucune école, n’en est pas moins l’un des meilleurs romanciers de l’Angleterre d’aujourd’hui.