Page:Chevalley - Le Roman anglais de notre temps.djvu/176

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le Roman anglais de Notre Temps de conquérir le vieux monde. C'est un de ces livres francs, pleins, où la vie se démontre par le mouvement. Le lecteur oublie qu'il lit II éprouve, il partage. C'est la marque des chefs-d'œuvre narratifs. Ann Veronùa causa scandale. Une jeune fille de classe moyenne s'é- mancipe, et trouve non le bonheur, mais la satisfaction, la sécurité, dans la liberté de sa vie et de son travail. Kipps, Tono-Bungay, Ann Vtronica t voilà les ouvrages de M. Wells qui reflètent le plus exactement la portion d'humanité qu'il a connue. A partir de 1910, M. Wells continue d'écrire des romans où les complications de l'amour et du mariage se mêlent à celles de la politique et de la religion. La richesse et l'intensité de ces œuvres défie l'analyse. Je ne sais s'il existe dans l'histoire littéraire de l'Angleterre un pareil exemple de fécondité, de verdeur intellectuelle. Le problème du mariage, par exemple, y est tourné, retourné, sous tous ses aspects, avec une vivacité prime- sautière. La dissertation envahit trop souvent le récit. Mais elle n'est jamais ennuyeuse. Le style est informe, sans distinction, mais il a une qualité maîtresse et qui sauve tout, celle du mouvement. H. G. Wells n'est pas un profond connaisseur du cœur humain. Comme Dickens, et pour la même raison, il n'a jamais fait avec succès le portrait d'une femme vraiment cultivée. Nul ne peut contester qu'il ne soit un grand écrivain, un grand conteur. Il lui a manqué la sérénité, le recueille- ment. Depuis vingt-cinq ans, il produit sans désemparer. Est-il étonnant qu'il finisse par se répéter ? L'abondance d'une pareille œuvre exclut toute concentration, toute profondeur morale ; mais c'est le tableau le plus vivant, le plus merveilleusement varié d'une époque, d'un esprit, d'un certain genre de culture et de civilisation. j a ,tiz B dbvG00gle

Les