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n’avait pas toujours été tendre pour nous. Mais quel écrivain ! quel évocateur ! quelle vitalité ! Surtout quel inimitable conteur !

Ce qu’un étranger peut dire de Kipling, surtout quand, sans avoir jamais eu de relations personnelles avec lui, il n’en a pas moins, depuis une génération, lu chacun de ses ouvrages dès leur apparition, et contribué à les faire connaître, c’est qu’aucun écrivain anglais n’a mieux, dans ce temps-ci, assuré le rayonnement intellectuel de l’Angleterre, et perpétué la juste réputation qu’a ce pays, de produire en tout âge au moins un rénovateur dans l’art du récit.

H. G. Wells

Stevenson et Kipling, qui détournèrent le roman vers l’exotisme et l’aventure, l’avaient pour ainsi dire orienté vers l’extérieur, et promu dans l’espace. En 1 895, Stevenson venait de mourir, et Kipling de prononcer son message ; H. G. Wells, qui commençait alors d’écrire, continua leur œuvre, en un sens, puisqu’il extériorisa comme eux l’imagination littéraire. Mais c’est dans le temps, vers l’avenir, qu’il commença par déplacer l’intérêt du roman.

H. G. Wells est, à ses débuts, un journaliste comme Kipling, c’est-à-dire un écrivain tourné vers l’actuel, non vers l’éternel. Mais quel contraste entre leurs sujets, leurs procédés ! Us ont désormais livré leur secret, exposé leur art. Quiconque en a le temps et le goût peut établir un parallèle entre Wells et Kipling aussi légitimement et aussi facilement qu’entre Dickens et