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Le Roman anglais de Notre Temps mais une forte et franche peinture de mœurs, une étude vigoureuse de caractères. Les Martins de St. John Ervinc, et les Makebelîeves de James Stephens, appartien- nent au même milieu social, celui où l'on n'est jamais sûr du lendemain. Il y a pourtant, entre ces femmes, la même différence qu'entre Belfast et Dublin, c'est-à-dire entre le nord et le sud de l'Irlande. Martha Martin n'a pas le temps ni le désir de cultiver ses malheurs. Elle dédaigne la couronne d'épines. Trahie par son mari, par sa sœur, elle refait sa vie, celle de ses enfants, celle des coupables. Elle rétablit l'ordre autour d'elle avec une puissance irrésistible de bon sens, de renoncement, et poursuit l'existence sans autre règle que de la terminer avec un cœur sans reproche. Elle réalise, dans un milieu sordide, le plus haut idéal humain. Forrest Reïd est moins spécifiquement irlandais. On retrouve chez lui le conflit des générations, l'influence de l'inconscient, la hantise du surnaturel, qui caractérisent les œuvres de la jeune génération anglaise. Mais il y a quel- que chose de fluide, d'impalpable, dans le développement de ses meilleures œuvres (par exemple At the Door 0/ tke Gale) qui le distingue de ses contemporains britanniques. Il traite des sujets modernes à la façon moderne, mais avec une « elusiveness », une insaisissable facilité qui sont parfois déconcertantes. Il faudrait encore citer Darrell Figgis parmi les bons écrivains et les romanciers de l'Irlande; — etStephen Gwynn, qui est un des esprits les plus cultivés, les plus curieux, les plus riches de son pays et de son temps. Enfin James Joyce, qui ne manque pas de talent, mais est encore à la période où l'on aime à étonner. J'en ai assez . dit pour montrer que la pauvreté du roman irlandais n'est que relative. C'est un axiome à réviser. j a ,tiz B dbvG00gle

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