Page:Chevalley - Le Roman anglais de notre temps.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE VII

LES RÉGIONALISTES

§ i

Écosse

L’avènement du réalisme, entre les années 1880 et 1890, devait nécessairement favoriser le roman provincial et régionaliste. L’observation précise, locale, localisée, est en effet le fondement de toute littérature qui se dit réaliste. Il est vrai que, nulle part, les classes cultivées ne sont plus semblables à elles-mêmes, en apparence, que dans les Îles Britanniques. De même, il est peu de pays où l’aspect extérieur de la nature et des hommes soit, en apparence, plus dépourvu de contrastes. Mais, en apparence seulement. Les Américains, les Européens du Continent, habitués qu’ils sont chez eux aux dénivellements plus brusques de la nature physique comme de la nature humaine, n’apprécient que lentement le trésor de diversités que recèle la Grande-Bretagne. Il y faut de la patience, une longue pratique. Entre les montagnes de l’Écosse, du Pays de Galles, les « moors » du Nord et de l’Ouest, les « bogs » d’Irlande, la plaine centrale de l’Angleterre, les « Downs » du Sud, les marais du Wash, les collines du Wold et des Cotswolds, les contrastes sont évidemment moins saisissants qu’entre les Alpes, les Pyrénées, les montagnes Rocheuses d’une part, et les Landes, la Prairie ou la Savane d’autre part. Mais il n’est pas sûr qu’ils soient moins profonds, moins réels, ni