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plus sobre que dans les premières œuvres, et nourri de la plus exquise substance littéraire, est un régal de lettrés…

Les derniers développements de M. Hewlett n’appartiennent plus au roman romanesque. Les événements y tiennent moins de place que les idées, l’analyse, parfois la satire. On y sent d’autres influences. C’est vers 1904 que Maurice Hewlett avait abandonné la légende, l’histoire, la fiction d’aventures. Il lui avait apporté un grand privilège, celui de finir en beauté.

§ iii

Les Précurseurs du Roman contemporain

Henry James, John Galsworthy, Maurice Hewlett, tous ceux qui ont influé sur le développement du roman contemporain, sont ou étaient nourris de civilisation française. W. J. Locke en est pénétré jusqu’aux moelles. Pendant dix ans il a écrit obscurément de petits mélodrames où le héros, généreux, se charge des péchés d’un autre, et vit ensuite une existence de chemineau, de vagabond, de bohème philosophe, souvent arsouille. La truculence de M. Richepin, la fantaisie intellectuelle de M. Anatole France, le souvenir de Verlaine, inspiraient ces créations. Elles n’en seraient pas moins oubliées si W. J. Locke n’avait pas eu le don de l’ironie souriante, et un style délicieux.

The Morals of Marcas Ordeyne (1905) et The Beloved Vagabond (1907) lui apportèrent une célébrité subite, irrésistible, universelle.

Sir Marcus, intellectuel, bénédictin littéraire, recueille dans les rues de Londres la petite Carlotta, épave d’un harem d’Alexandrette. Ce petit animal humain boule-