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des invraisemblables aventures qu’enfanta son imagination, il y a, surtout dans ses romans africains, un élément d’observation et d’exactitude personnelles, une atmosphère de réalité. John Buchan, dans Prester John par exemple, a renouvelé de nos jours l’impression créée par les premières œuvres de Rider Haggard : King Solomon’s Mines (1881), Maiwa’s Revenge (1888), She (1887).

Conan Doyle, docteur en médecine de l’université d’Edimbourg, n’était pas sans culture scientifique. Son Sherlock Holmes a fait le tour du monde. Le roman policier n’est pas un genre très relevé. Mais Conan Doyle a fourni les modèles du genre. Il est, à sa façon, chef d’école. Aucun écrivain anglais n’a peut-être été plus abondamment traduit depuis une vingtaine d’années, plus copieusement imité, pillé. Et voilà de quoi, sans doute, rappeler à l’humilité les auteurs et les critiques qui mettent la valeur littéraire et artistique d’un récit au-dessus de l’invention, de la composition, du mouvement. Conan Doyle et ses pareils n’ont d’autre qualité que de savoir agencer des faits, créer un mystère et le dissiper. Mais ils ont cette qualité. Et elle leur suffit à captiver, à capturer des millions d’esprits qui ne sont pas tous incultes. Conan Doyle a été parfois comparé à Edgar Poe à cause de sa puissance macabre. Mais Poe était un poète, un créateur. Conan Doyle lui ressemble comme un bon librettiste à un grand musicien. Il y a plus de distance entre Doyle et Poe qu’entre Gaboriau et Doyle.

Henry Seton Merriman ; F. T. Bullen, qui fut quatorze ans marin à bord d’un baleinier ; John Masefield, poète de grand talent, qui commença par de puissants récits maritimes ; Neil Munro, qui continua l’œuvre écossaise de Stevenson, méritent aussi d’être mentionnés parmi les