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CHAPITRE VI

DÉVELOPPEMENT DU ROMAN ANGLAIS
DEPUIS TRENTE ANS

§ i

Les Tendances nouvelles

Au néant où, vers 1885, sombrait l’âge victorien, la fiction britannique essaya, vers la fin du xixme siècle, d’échapper en s’extériorisant. L’Angleterre se jeta, pour ainsi dire, hors d’elle-même, dans l’espace et dans le temps. C’est ainsi que le roman se trouve conduit au romanesque, à l’aventure, avec Stevenson, les exotiques, les archaïques, — au sens de l’action, de la race, de la discipline, à la glorification de la conquête et de l’Empire, avec Rudyard Kipling et les coloniaux, — à l’Utopie scientifique, satire ou panacée, avec H. G. Wells et les visionnaires du mécanisme social.

Et, sans doute, il y avait bien, dans ces mouvements centrifuges, une manière de rupture avec le roman du xixme siècle plutôt tourné vers l’intérieur. Mais romantisme, utopisme, énergisme ne sont que des échappatoires. S’abstraire d’un problème moral ou social, ce n’est pas le résoudre, mais l’esquiver. Il faut bien regarder chez soi pour connaître sa maison.

Parallèlement, simultanément, le vieil esprit d’introspection subsista donc chez une partie, non la moindre ni la moins fervente, de la gent romancière. Il s’exaltait