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James et le Roman psychologique m raison inverse de sa limpidité, de son succès immédiat. Henry James devint chef d'école. Il fut une véritable puissance intellectuelle. Son oracle dernier sur le roman en 1914 fut accueilli avec révérence. On trouvera, chez Joseph Conrad par exemple, chez Galsworthy, dans toute la jeune école, l'application de certains de ses principes : le récit indirect, la prédominance du « point de vue ». Le secret du prestige dont il jouissait, il faut le demander à son caractère au moins autant qu'à sa doctrine et à sa pratique. Ce romancier mondain était profondément sincère et candide. Il avait la foi, le culte de l'intelligence. < Il n'y a pas d'aventures plus émou- < vantes », écrit-il dans The Sacred Fount, « que les aven- « turcs intellectuelles. » Il n'a jamais courtisé, il a souvent affronté le goût publie. Il était le premier à sourire de ses échecs en librairie, à reconnaître l'exiguïté de son public. Il se proclamait disciple de Tourguénicff et expliquait naïve- ment que Tourguénieff ne pouvait pas le lire : « Mes histoires ne lui semblaient pas une nourriture « virile. Elles étaient trop tarabiscotées. Il y trouvait « du procédé plutôt que de la substance. Il tenait avant < tout à l'air de réalité, et mon genre de réalisme ne lui « convenait pas. » Une pareille franchise, un pareil courage, comportent leur récompense. L'influence de Henry James fut morale autant qu'intellectuelle, celle d'un homme autant que celle d'un littérateur. Ajoutons qu'il eut grand soin de marcher avec son temps, et même de devancer la jeunesse. Toute la première partie de son œuvre traite du conflit social entre le Nouveau Monde et l'Ancien. Presque toute la seconde est consacrée au conflit entre la génération vic- ,,„;■ Google

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