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raître. Nous serions heureux de voir des bibliophiles zélés réimprimer les trois ou quatre volumes d’éditions originales de Rabelais dont on ne connaît qu’un exemplaire. Ces volumes, il faudrait les reproduire lettre pour lettre, ligne pour ligne, page pour page, avec leurs incorrections, avec leur ponctuation fantasque. Ce seraient des matériaux précieux mis à la portée des érudits. On pourrait, par la suite, réimprimer ainsi les éditions originales des quatre livres, sans omettre celles que M. Marty-Laveaux a prises pour texte de la sienne.

M. Marty-Laveaux, en effet, malgré son désir sincère de faire une sorte de fac-simile de l’édition qu’il reproduisait, s’en est éloigné beaucoup plus qu’il ne l’avait cru tout d’abord. Si nous comparons un passage pris au hasard dans le premier Livre, nous trouvons que l’édition de M. Marty-Laveaux se rapproche beaucoup plus de celle de M. Jannet que de l’édition type.

Deux modifications systématiques contribuent largement à ce résultat. Dans l’édition gothique du premier livre, de François Juste, 1542, l’apostrophe n’existe pas, et l’accent aigu sur l’é masculin final est très-rare. À l’exemple de M. Jannet, M. Marty-Laveaux introduit partout et cet accent et l’apostrophe. Il reproche à son devancier de n’avoir tenu presque aucun compte des majuscules ; mais lui-même les place et les déplace d’une façon qui semble