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coup à cette ponctuation, qui, de son aveu, n’a pas de règles, mais qu’il déclare néanmoins plus importante encore que l’orthographe. Il nous prévient qu’il l’a conservée scrupuleusement (douce illusion !). Pour indiquer le changement d’interlocuteur dans le dialogue, il n’a pas usé « de la ressource facile de mettre partout des tirets », parce que les tirets ne sont à la mode qu’à partir des Contes moraux de Marmontel, mais il a respecté certains espaces blancs qui, selon lui, « marquent un repos plus grand que le point, moindre que l’alinéa », ce qui, par parenthèse, produit dans certains cas un effet qu’il n’avait pas prévu. Lorsque la phrase précédée d’un de ces espaces blancs commence au bout de la ligne, ce qui arrive fréquemment, cela produit un véritable alinéa, souvent intempestif.

En somme, chacun des deux éditeurs s’est placé à un point de vue différent : M. Jannet a voulu donner un texte fidèle avant tout, mais en même temps clair, d’une lecture facile, intelligible, pour le plus grand nombre possible de lecteurs ; M. Marty-Laveaux a eu en vue un public tout particulier d’antiquaires amis de Rabelais (Avertissement, p. iij). Le premier a fait un travail d’éditeur dont il connaissait les difficultés et les périls ; le second entreprend un travail de reproduction dont un photographe s’acquitterait mieux que lui.

Loin de nous la pensée de blâmer les reproductions exactes de livres menacés de dispa-