boiteux, suppléant par des vers de son crû ceux qui manquaient, etc. Quelquefois on conférait plusieurs éditions, originales ou non, adoptant les variantes qu’on trouvait les meilleures, même celles des éditions posthumes ; on offrait au lecteur un texte fait de pièces rapportées, que l’auteur aurait eu parfois de la peine à reconnaître.
Ainsi fit-on pour Rabelais en particulier. Les éditeurs du seizième et du dix-septième siècle reproduisaient tout bonnement l’édition qui leur tombait sous la main, la première venue. Le Duchat consulta un grand nombre d’éditions ; mais il n’eut pas à sa disposition quelques-unes de celles qui lui auraient été les plus utiles. D’ailleurs, le chaos des éditions anciennes n’était pas encore débrouillé ; le Duchat ne connut pas l’importance de celles qui lui manquaient, et il accorda trop de confiance à des réimpressions inexactes ou incomplètes. Ceux qui sont venus après lui n’ont pu éviter complétement l’écueil dans lequel il est tombé.
Ce n’est réellement qu’après la publication des Recherches de Brunet qu’il a été possible de songer à une édition définitive de Rabelais.
Cette édition fut entreprise à peu près vers le même temps par MM. Burgaud des Marets et Rathery, d’une part, et de l’autre par M. Jannet.
L’édition des premiers parut en 1857-1858, chez MM. Didot, en deux volumes grand