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— Brosseur ! je n’y suis pas.

— En France, dans l’armée, les sous-officiers appellent brosseur l’homme qui panse leur cheval et les sert.

— Bien. Mais que veut dire ce mar’chef qu’il met à toutes les sauces ?

— Maréchal-des-logis-chef. C’est une abréviation usitée au régiment. Dites-moi, y a-t-il loin d’ici à Kiouinâ ?

— Quand le vent est bon, le bateau met trois à quatre jours, parce qu’on ne marche guère la nuit. La côte est trop dangereuse ! Vous ferez bien de louer deux ou trois chasseurs si vous ne voulez pas mourir de faim.

— J’y avais songé.

— Je vous trouverai ça à raison d’un écu de trois francs par jour, leur passage jusqu’à la Pointe payé par vous, bien entendu. Maintenant, bourgeois, au revoir ! je m’en vas à la pêche ! Faites ici comme chez vous ! Mais, sans être trop curieux, qu’est-ce que c’est que ce palet que vous avez là dans vos mains ?

Du doigt le père Rondeau indiquait le totem donné par Shungush-Ouscta à Dubreuil, et que celui-ci faisait pirouetter sous ses doigts.

— Oh ! rien, répondit le jeune homme, une amulette indienne. C’est, ajouta-t-il en riant, la récompense du sauvé au sauveur de ce matin.

— Faites voir.