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quatre ou cinq assiettes de faïence historiée, ce qui passait alors pour un véritable luxe au Sault-Sainte-Marie.

Au plancher séchaient des chapelets de ce poisson blanc[1] du lac Supérieur, le plus exquis que je sache, des quartiers de venaison et des bottes d’herbes aromatiques, entre autres des paquets de gin-seng, cette plante qui, pendant le siècle dernier, passait pour une panacée infaillible, et dont la découverte au Canada eut, à cette époque, tant de retentissement en France.

La chambre d’Adrien était celle où le père Rondeau couchait d’ordinaire ; mais il s’était fait un point d’honneur de la céder à son hôte, et avait refusé formellement de la reprendre, alors même que celui-ci assurait qu’accoutumé à la vie des camps il dormirait très-bien dans la salle, avec son dragon.

Outre ses deux bancs-lits, cette chambre renfermait une armoire en noyer tendre, différents trophées de chasse, un christ en plâtre et quelques images de saints outrageusement coloriées.

Une demi-douzaine de livres d’oraison, jaunis par le temps, noircis aux tranches par les doigts et rongés par les mites, étaient soigneusement rangés sur un petit rayon, près de l’unique fenêtre, au-dessous d’un bénitier en bois dans lequel baignait une branche de buis.

  1. Les Indiens l’appellent addik-kum-maig.