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« La guerre de Sept-Ans et le traité qui en a été la suite nous ont dépouillés de ce magnifique héritage, mais aujourd’hui, quand un Français y pénètre en étranger, il ne peut oublier que ses ancêtres le reçurent jadis librement des mains d’une race faible et confiante ; que, fidèles à leurs engagements, ils avaient entrepris de la civiliser, et que leurs successeurs, héritiers de leurs devoirs comme de leurs droits, n’ont su que la dégrader, l’anéantir[1]. »

  1. Civiliser les Indiens ! utopie, prétexte de l’ambition ou du fanatisme religieux. Le sauvage est moins fait pour la civilisation que le civilisé pour la vie sauvage. Les gens désintéressés, qui connaissent les Peaux-Rouges, loin de songer à les civiliser, protestent contre les tentatives faites à ce sujet. Écoutez Schoolcraft, un observateur profond, un savant érudit, un écrivain consciencieux, qui passa la moitié de sa vie au milieu du désert américain :

    « L’Indien est possédé d’un esprit de réminiscence qui se plaît dans des allusions au passé. Il parle d’une sorte d’âge d’or où tout allait mieux pour lui que maintenant, alors qu’il avait de meilleures lois, de meilleurs chefs, que les crimes étaient plus promptement punis, que sa langue était parlée avec une pureté plus grande, que ses mœurs étaient moins entachées de barbarie. Mais tout cela semble passer à travers le cerveau indien comme un rêve, et lui fournit plutôt la source d’une sorte de rétrospection agréable et secrète qu’un stimulant pour l’exciter à des efforts présents ou futurs. Il languit comme un être déchu et désespère de se relever. Il ne paraît pas ouvrir les yeux à la perspective de la civilisation et de l’exaltation mentale déroulée devant lui, comme si cette scène lui était nouvelle ou attrayante. Depuis plus de deux siècles des instructeurs (teachers) et des philanthropes lui ont peint ce tableau, mais il n’y a rien vu pour secouer sa torpeur et s’élancer dans la carrière de la civilisation et du perfectionnement. Il s’est