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Écoute encore. Que ton œil ne se fatigue pas à suivre cette voie où je laisse entière la piste d’un cœur qui t’aime et s’embaume de ton amour. Sur cette piste, tu recueilleras quelques-unes des fleurs que tu m’as offertes pendant ces courtes nuits où il m’était donné de le regarder, de te sentir, d’entendre ces accents dont mon oreille avide ne se serait lassée jamais !

J’étais partie du Sault-Sainte-Marie, et traversais le lac Huron pour me rendre à la ville habitée par le chef des Français, lorsque je rencontrai, au-dessous de Michillimakinack, un Indien Nadoessis. Il m’apprit que mon frère, désespérant de me retrouver, était à Montréal, chez un de nos parents, interprète pour la Compagnie de la baie d’Hudson.

Mon frère est prudent, il est sage, il est habile ; Meneh-Ouiakon résolut de le consulter.

Émerveillée par ces vastes maisons flottantes, qu’elle rencontrait sur le Saint-Laurent ; ravie, puis épouvantée par le mugissement de ces longs canots qui marchent conduits par le feu sous une ondoyante colonne de fumée ; se croyant transportée dans les lieux habités par le Maître de la Vie, à la vue de ces hautes cabanes, de ces populeux villages, de ce mouvement incomparable qu’elle distinguait sur les deux rives du fleuve, elle arriva à Montréal.