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recommandé, otah[1] Rondeau. Sa loge nous a été ouverte avec son cœur. C’est à lui que j’adresse cette lettre pour qu’il te la fasse parvenir. Il aurait voulu, Hiouamé Miouah, courir à ta délivrance ; il n’a pas rencontré d’allié. Les Longs-Couteaux ont refusé de marcher avec lui. Ils sont lâches pour seconder les intérêts des autres, brûlants comme le fer rouge pour les leurs.

« — Va, ma fille, m’a dit Rondeau, vas trouver l’ononthio[2] des Français à New-York, lui seul pourra servir notre ami. »

Je suis partie, laissant avec lui ton serviteur. Peut-être ont-ils réussi à t’arracher à la captivité, car ils devaient tenter de réunir des auxiliaires et de diriger une expédition contre les Apôtres ! Ah ! si les succès ont accompagné leurs pas ; si tu es libre, je ne demande plus au ciel que de te voir une fois encore et mourir après !

Mais te verrai-je ? Non, non, non, Ihouamé Miouah, je ne te verrai plus. Il y a là, dans le fond de mon cœur, quelque chose qui me le dit, et voilà pourquoi je veux m’entretenir avec le Toi qui vit dans ma pensée dont sans cesse les yeux de mon esprit voient, pour l’adorer, la noble image.

Ah ! que je voudrais te revoir ! que je voudrais suivre cette feuille qui ira à toi, j’en suis sûre, et pourtant je ne sais qui te la portera.

  1. Le père.
  2. Consul.