En même temps la Perdrix-Grise me proposa de recouvrer ma liberté. C’était proposer à la panthère de briser les barreaux de sa cage.
Cette nuit-là même, Meneh-Ouiakon prit la fuite et rejoignit la vaillante nation des Nadoessis, campée sur la rivière Saint-Louis, près de la factorerie de Fond-du-Lac. Hélas ! son frère, celui qu’elle chérissait par-dessus tout au monde, était parti ! il était parti à sa recherche. Il devait, pour tâcher de la retrouver, traverser et explorer tous les Grands Lacs ! Il est si bon, il aime sa sœur d’une affection si grande, Sungush Ouscta ! Sa voix est sonore comme le roulement du tonnerre, comme le cri de la grue du milieu des nuages, ou celle du courlis du milieu des savanes. Semblable aux gouttes d’une chute, chacune de ses paroles a son poids ; il a le cœur de Pontiac son aïeul, et la langue de Piehiezicku[1] son père. Jamais le mensonge noir n’est sorti de ses lèvres vermeilles. Il est sage et tranquille comme le castor des marais, rusé comme le loup des prairies, brave et audacieux comme l’ours affamé, léger à la course comme le cerf poursuivi. Sa vue vaut celle de l’aigle chauve et son ouïe celle du daim au bois fourchu. Ainsi que sa carabine, son jugement ne manque jamais le but. Que les feuilles de son arbre de vie ombragent pendant longtemps les wigwams de notre tribu.
- ↑ Le bœuf.