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en désignant du regard Adrien Dubreuil, terrifié par ce spectacle lugubre :

— Ce jeune homme ne doit pas partager notre sort. Il n’a rien de commun avec nous. C’était mon captif. Je l’ai amené de force à Kiouinâ. Je compte, citoyens, sur votre justice pour lui rendre la liberté !

— Et je crois bien qu’on la lui rendra, la liberté ! car il est innocent comme l’enfant qui vient de naître, M. Dubreuil ! ajouta un vieux trappeur en se précipitant vers Adrien.

— Et je vous le jure, moi aussi, qu’il est innocent, le mar’chef, sans vous manquer de respect, cria un personnage aux longues moustaches jaunes, se démenant comme un enragé entre les mains des mineurs qui voulaient l’empêcher de forcer leurs rangs.

— M. Rondeau ! fit Dubreuil à la vue du trappeur.

— Pas monsieur, mais le père Rondeau, s’il vous plaît.

— Dubreuil ! il s’appelle Dubreuil ! mes pressentiments ne me trompaient donc pas ? murmurait le Mangeux-d’Hommes en examinant Adrien avec la plus vive attention.

Les exécuteurs de la loi de Lynch se consultaient. Mais la plupart des mineurs, connaissant le père Rondeau, se portèrent garants pour son protégé, dont les liens furent aussitôt coupés.

— Maintenant, le supplice des coupables ! reprit l’homme qui avait prononcé la sentence.