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Les conducteurs des traîneaux chaussaient leurs raquettes.

Jésus commanda à Dubreuil de monter dans l’un de ces véhicules, traîné par cinq chiens-loups aussi blancs que la neige, et donna le signal du départ.

Les fouets firent aussitôt sonner l’air. Défilant lestement sous la porte de la factorerie, laissée à la garde d’un Apôtre, avec une vingtaine de recrues, les traîneaux, dirigés par le Mangeux-d’Hommes, s’élancèrent sur la croûte de glace qui pontait la rivière de Saint-Louis, et la longèrent, aux chants de ces coureurs des bois, qui n’entreprennent jamais un voyage sans entonner quelques couplets de leur propre facture.

L’un disait :


    Tous les printemps,
    Tant de nouvelles,
    Tous les amants
    Changent de maîtresses.
    Le bon vin m’endort,
    L’amour me réveille.

    Tous les amants
    Changent de maîtresses.
    Qu’ils changent qui voudront
    Pour moi, je garde la mienne.
    Le bon vin m’endort,
    L’amour me réveille.

Un autre reprenait :

 
    Dans mon chemin j’ai rencontré
    Trois cavaliers bien montés,