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mauvaise humeur disparut aussitôt, et Jésus reprit avec négligence en quittant Dubreuil :

— En effet, que m’importe !

À partir de ce moment, il n’adressa plus la parole à l’ingénieur.

Ce dernier avait fini par s’habituer à sa nouvelle existence, ou plutôt il la supportait moins difficilement. Pour tromper les longues heures de la journée, il formait des collections d’insectes et de plantes sur des feuilles d’écorce de cèdre, car il ne pouvait se procurer de papier, et il faisait de fréquentes visites aux familles indiennes établies dans le voisinage.

Une partie des Apôtres étaient retournés au fort la Pointe avec le butin fait à la factorerie de Fond-du-Lac. Le reste habitait cette factorerie, qui paraissait être devenue, depuis le commencement d’octobre, un centre de recrutement.

Chaque jour il y arrivait des trappeurs blancs qui subissaient une sorte d’examen et d’inspection de la part du Mangeux-d’Hommes, puis étaient renvoyés ou admis, et incorporés, — après avoir entendu la lecture d’un règlement spécial et y avoir juré fidélité, — dans une compagnie, sous les ordres d’un Apôtre.

Il devait y avoir dix compagnies composées de vingt hommes chacune. Pour y pouvoir entrer il fallait n’être ni Indien, ni métis, ni nègre, posséder la taille, la force d’un hercule, ne pas redouter le meurtre ou la potence, et