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Talon, l’un des administrateurs les plus capables qu’ait eus la colonie, résolut de mettre à profit ces bonnes dispositions, et d’établir d’une manière solennelle et officielle le protectorat de la France sur ces contrées dont il devinait l’avenir. L’entreprise n’était pas facile. Il s’agissait, non pas de l’achat de tel ou tel territoire, comme a fait Penn sur les bords de la Delaware, comme le font encore aujourd’hui plus ou moins furtivement les Américains, mais d’une sorte d’annexion politique, consentie librement par le suffrage universel. Qu’on me passe ces mots du vocabulaire moderne, assez étranges à l’occasion d’un acte politique du dix-septième siècle et d’un acte politique du roi Louis XIV ; mais ils sont nécessaires pour caractériser cette conquête de la France, conquête qui ne ressemble guère à celle de la Franche-Comté, de la Flandre et de l’Alsace, mais qui contraste avec ces dernières encore plus par sa nature pacifique et philanthropique que par ses proportions territoriales.

« Talon choisit pour émissaire un nommé Nicolas Perrot, laïque, mais employé longtemps au service des missionnaires. Perrot parcourut, pendant le printemps et l’été de 1670, toutes les contrées de l’ouest. Il ne

    chefs les plus influents, Pontiac, dont nous publierons prochainement l’histoire, forma même alors le projet d’expulser, au profit des Français, la race saxonne du continent américain. Si la France l’eût soutenu, qui sait s’il n’eût pas réussi ? Mais l’éventail de madame de Pompadour faisait la brise et la tempête. — H.-E. C.