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demander. J’attends qu’il ouvre la bouche, et, tout à coup, il tourne les talons. Au surplus, je n’ai pas — en tant que captif — à me plaindre de ses procédés ou de ceux de ses gens à mon égard. On me surveille, mais on me traite bien, comme un prisonnier de distinction ! En somme, je ne serais pas trop malheureux, si j’avais des nouvelles de ma mère et de la femme qu’après elle j’aime le plus au monde. Mais, hélas ! je n’ai plus entendu parler de Meneh-Ouiakon depuis son évasion. Et Judas, le lieutenant de Jésus, n’est pas revenu ! Tout cela me cause de cruels tourments…

Je suis au bout de ma dernière feuille de papier gris. Il me reste juste la place nécessaire pour te dire que je crois que nous passerons l’hiver à la factorerie et que l’expédition de Kiouinâ semble remise. J’en suis désolé, car j’ai l’espoir que, là, je trouverais l’occasion de fuir l’exécrable société à laquelle je suis condamné.

Embrasse bien vivement ma bonne mère pour moi.

Ton tout dévoué,
Adrien Dubreuil.

P. S. J’y pense. Tu pourrais m’envoyer une lettre à l’adresse suivante :

Monsieur Rondeau
Au Sault-Sainte-Marie,
Amérique du Nord.

Peut-être me parviendrait-elle !