Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/231

Cette page a été validée par deux contributeurs.

quérir le beau titre de capitale du monde commercial.

Nulle part je n’ai vu un port plus vaste, plus commode, nulle part un emplacement aussi bien disposé pour être l’emporium, comme on dit ici, du trafic de l’univers. Et cet emplacement n’est pas seulement avantageux aux gens du négoce, mais pour un artiste, pour un ami des charmes de la nature, il n’en est guère, à mon avis, de plus attrayant.

La ville, qui n’a que 200,000 âmes maintenant, en comptera peut-être un million dans vingt ans[1], et, avant la fin du siècle sera la cité la plus populeuse de notre planète. Pour le moment elle est très-mouvementée, très-affairée, très-enfiévrée, pas du tout agréable à un Français. De monuments publics, il y a peu ou point ; de lieux de divertissements, je n’en ai pas entrevu l’ombre. Chacun s’occupe, chacun songe to make business. Les seules distractions sont la bar ou le café (méchante traduction d’une méchante chose) ; on s’y enivre. Le soir, l’ivresse n’est pas déplacée. En plein soleil c’est une infamie. Ainsi sont les gens, un peu partout d’ailleurs : ils répugnent à se montrer sans un masque ou un voile sur la figure.

Élevons, mon cher, un autel à l’hypocrisie, ou plutôt quittons New-York et suis-moi dans l’intérieur des terres.

Là, je remarque une activité prodigieuse, un esprit

  1. C’est le chiffre actuel.