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« Les Visages-Pâles, les chiens de Visages-Pâles ont égorgé… »

Mais il n’en put articuler davantage. Vaincu par l’énorme quantité d’alcool qu’il avait absorbée, son corps roula inerte sur le gazon.

Aussitôt, d’un coup de couteau, Meneh-Ouiakon trancha les liens de Godailleur.

— Vite, en route, mon frère ! dit-elle.

— Ah ! s’écria le dragon, avant de partir, sauf votre respect, mam’selle, je vous demanderai la permission de siroter une larme de ce nectar, que le malotru a renversé à terre, sans égard pour l’excellence de la chose.

En parlant, il ramassa le baril et lui fit, sur-le-champ, une copieuse saignée.

— Bon ! fameux ! divin ! du vrai rhum de la Jamaïque ! exclamait-il en reprenant haleine ; et penser que voilà plus d’un mois que mon palais était en deuil de pareille ambroisie ! Allons, encore un coup, un dernier, sans vous offenser, mam’selle, et je vous suis.

Ayant sablé une nouvelle rasade, il ajouta :

— Mais n’y aurait-il pas moyen d’emporter ce gentil petit tonneau avec nous ? Je m’en chargerais avec bien du plaisir.

— Non, que mon frère se dépêche ! répondit impatiemment Meneh-Ouiakon.

Ils s’éloignèrent alors de la cache, revinrent à la hutte du sorcier, où la jeune fille prit de la poudre et du