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couteaux, d’un fusil, puis elle chargea sur ses deux épaules l’énorme boudin de pemmican.

Désormais, elle n’aurait plus à redouter les tiraillements de la faim ; désormais elle serait en état de se défendre si elle était attaquée.

Meneh-Ouiakon reprit sa marche d’un pas plus alerte, après avoir rebouché la cache aussi bien que possible.

Mais un bruit étrange l’arrêta bientôt.

C’était comme un chant nasillard, qui allait des notes les plus basses aux notes les plus aiguës, s’éteignait parfois et reprenait tout à coup avec une vivacité voisine de l’emportement.

Depuis longtemps, Meneh-Ouiakon avait quitté le bois. Elle suivait alors une piste à travers des broussailles et des arbustes nains.

Voulant savoir ce que signifiait ce chant, elle se coula entre les buissons, et, après avoir fait ainsi une cinquantaine de pas, elle arriva devant une hutte toute grande ouverte, dans laquelle flambait un feu pétillant.

Autour du feu un vieil Indien, misérablement vêtu de quelques oripeaux, dansait et gesticulait en chantant.

La nuit était tombée, mais grâce à la flamme qui rayonnait du foyer, on voyait parfaitement l’intérieur de la hutte.

Quelle fut la surprise de Meneh-Ouiakon en y apercevant Jacot Godailleur, attaché à un pieu et la consternation peinte sur les traits !