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massa du bois, alluma du feu avec deux branches de cèdre sec frottées l’une contre l’autre, et fit cuire le reste de sa provision de pigeons, qu’elle partagea avec son compagnon.

Ils se couchèrent ensuite, elle sur la grève, roulée dans sa peau de veau, Jacot Godailleur derrière la Chapelle, à cent pas de la jeune fille, sous un massif de saules qui le masquait entièrement.

Inutile de dire qu’un sommeil pesant vint bientôt clore leurs paupières.

La nuit avait envahi le lac Supérieur. Mais le ciel était azuré, constellé de pierreries, et la lune ne tarda pas à monter à l’horizon. L’immense mer intérieure apparut alors comme une cuve d’argent en fusion où miroitaient mille lueurs tremblotantes.

Les bruits autour de la Chapelle étaient légers, harmonieux ; c’était la brise qui frémissait dans le feuillage des sapinières, le frou-frou d’une chauve-souris passant et repassant sous la voûte, et, à de rares intervalles, le sautillement de quelque poisson blanc hors de l’onde moirée.

Tout à coup un son cadencé, quoique faible, trouble cette nocturne musique : ou plutôt il la change, lui prête des notes nouvelles.

Le sommeil des dormeurs n’en est pas interrompu.

Le son prend de la consistance, il augmente, il domine le concert.