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avait fait au Mauvais-Esprit le pugedinegay’win[1] nécessaire, et il l’a protégée.

— Le ? demanda Jacot, en ouvrant de grands yeux.

— Elle avait fait les présents nécessaires.

— Ah ! j’y suis. Et, comme ça, vous croyez, mam’selle, sans vous offenser, que votre Mauvais-Esprit est venu tout exprès pour envoyer ad patres cet efflanqué d’assassin, homicide, parricide…

— Matchi-Monedo ne nuit pas à ceux qui lui sont fidèles.

— Alors, sauf votre respect, c’est un bon et pas mauvais esprit.

— Mon frère est trop subtil pour moi, dit l’Indienne, en se remettant à pagayer.

— Trop subtil, trop subtil ! murmura l’ex-cavalier ; il n’y a pas de subtilité là-dedans : ou il est mauvais, ou il est bon ? de deux choses l’une. S’il est bon, pourquoi l’appeler mauvais ? s’il est mauvais, pourquoi nous a-t-il tirés des griffes de ce vaurien ? Je ne connais que ça, moi. Ah ! si le mar’chef était ici, il m’aurait bien vite expliqué ce mystère, comme disait monsieur notre curé. Mais, à propos, qu’est-ce qu’il avait à nous poursuivre ainsi, le Judas bien nommé ? Eh ! mam’selle ?

— Que veut mon frère ?

— Maintenant que nous pouvons causer, voulez-vous

  1. Proprement, sacrifice.