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Ce disant, le galant ex-cavalier de 1re classe se rapprocha de Meneh-Ouiakon dans l’intention de lui prouver qu’il était un digne appréciateur de ses charmes.

Mais elle se rejeta en arrière en s’écriant d’un ton noble et fier qui glaça les dispositions galantes de Jacot.

— Esclave, sois respectueux, si tu veux que la fille des sachems nadoessis te conserve une partie de l’amitié qu’elle a pour ton chef.

Ensuite, elle replia sa tente, plaça son canot sur sa tête sans prêter l’oreille aux instances de Godailleur, qui la priait de lui permettre de porter l’embarcation, et, d’un pas rapide, s’avança vers la cime du cap.

Émerveillé, fasciné, le dragon la suivit, en poussant, de temps à autre, des exclamations laudatives.

En moins d’un quart d’heure, ils atteignirent un terrain plat, marécageux, planté de saules, de trembles nains et de frênes.

À travers ce marais, qui pouvait avoir un mille d’étendue, et où s’élevaient, çà et là, des huttes de castors, serpente un ruisseau d’eau vive.

L’Indienne y lança son canot et s’y établit à l’arrière, sa pagaie à la main.

— Sauf votre respect, mam’selle, cette coquille de noix ne pourra jamais nous soutenir tous les deux ! dit Jacot d’un ton inquiet.

— Monte, mon frère, et ne crains rien.

— Du diable si j’oserais.