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déployé dans toute sa glorieuse splendeur, pour réjouir les êtres animés et féconder la terre.

Meneh-Ouiakon, côtoyant le bord méridional du lac, avait passé tour à tour la rivière Montréal, que commande à droite une haute montagne ; la pointe de la Petite-Fille ; et enfin elle avait fait halte à la rivière Noire.

Là, elle déterra et mangea des oignons qui croissent abondamment dans ces parages ; puis, s’étant rafraîchie à l’onde du lac, elle se remit en route avec autant d’ardeur que si elle eût fait un repas substantiel et réparé ses forces par un long sommeil.

Toute la nuit notre brave Nadoessis poursuivit sa route. Au matin, elle se trouvait à la baie de la Pêcherie, où sa bonne fortune voulut qu’elle rencontrât un de ces voliers de pigeons ramiers, — appelés tourtes par les Canadiens, me-me par les Indiens du lac Supérieur, — qui se présentent par bandes si nombreuses dans l’Amérique septentrionale, au retour du printemps.

Avec sa pagaie, Meneh-Ouiakon tua une vingtaine de ces volatiles, en fit cuire deux dont elle déjeuna, serra les autres en un coin de son canot, sous une couche d’herbages humides pour qu’ils se conservassent frais, et repartit heureuse de n’avoir pas encore été troublée dans sa fuite.

Comme le soleil allait se coucher, elle arriva à la presqu’île Kiouinâ.