Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je sais ; passe.

— Et j’ai remarqué qu’on affrétait un bateau pour Kiouinâ.

— Mais il est peut-être déjà arrivé à sa destination !

— Du tout. Il devait mettre à la voile huit jours après mon départ.

— En es-tu sûr ?

— Comme de raison, capitaine ; j’ai pris, là-dessus, toutes mes informations.

— C’est qu’il y a loin d’ici Kiouinâ !

— Deux fois quarante-huit heures de navigation, au plus, fit l’Écorché. Et notez que nous commençons à jeûner. Le cellier se vide et les saloirs aussi. Quant à la chasse ou à la pêche, nous n’en sommes pas friands !

— Tout cela est bel et bon, mais comment s’emparer de ce bateau ? murmura le Mangeux-d’Hommes.

— En faisant diligence, nous le surprendrons, à la faveur de la nuit, dans quelque baie. Il paraît, d’ailleurs, qu’il a, à son bord, un jeune Français, un ingénieur, qui pourrait joliment nous servir si nous entreprenions l’exploitation des mines, dit le lieutenant avec un sourire d’intelligence à son chef.

— Par le Christ, mon frère aîné, j’adopte le projet, dit ce dernier en se levant. Mais si tu nous mènes à une déception, maître Judas Iscariote, gare à tes os ! j’en ferai des baguettes de tambour.

La boutade du capitaine souleva l’hilarité des assistants.