Page:Chevalier - Peaux-Rouges et Peaux-Blanches, c1864.djvu/174

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Elle était calme, mais triste.

— Mon frère, dit-elle à Dubreuil, plus que jamais ta vie est en danger.

— La vôtre ne court-elle aucun risque ? repartit-il avec un accent de reproche.

— Non, moi je n’ai rien à craindre. Mais toi, malade, infirme, tu peux être assassiné par ces misérables.

— Que faut-il faire ? demanda Dubreuil sérieux.

— Je cherche. Ah ! si le fils de ma mère était ici ! Il est habile, il est fort ; mon incertitude ne durerait guère.

— Noble créature, dit Adrien, lui prenant une main qu’elle abandonna volontiers, songez à vous plutôt qu’à moi. Qu’importe le sort qui m’est réservé ! je me sens si malade, que la vie serait plutôt un fardeau qu’un bien pour moi. Mais vous, belle, jeune, riche de santé, de bonté, pourvoyez à votre salut, c’est votre droit, c’est votre devoir, c’est la prière que je vous adresse au nom de l’affection que vous me témoignez.

Inclinant sur le blessé un long et doux regard, Meneh-Ouiakon lui dit :

— Mon frère n’a pas lu dans le cœur de la fille du sachem nadoessis. Elle ne lui en veut pas ; mais elle est affligée de son ignorance. Meneh-Ouiakon a rêvé qu’elle rendait la liberté à son frère blanc : le rêve de Meneh-Ouiakon s’accomplira.

— Ne redoutez-vous pas ?…

— Meneh-Ouiakon ne redoute quoi que ce soit.