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gardienne, n’aurait pas trahi votre secret, je l’ai découvert. Plus d’une fois, quand vous me croyiez endormi, j’étais éveillé. Je vous ai entendu causer avec ma geôlière. Je sais que vous l’avez gagnée, qu’elle vous ouvre toutes les nuits la porte de cette caverne…

— Mon frère en est-il mécontent ? demanda la jeune fille d’un air triste.

— Mécontent ! Le pouvez-vous penser ?… Je vous aime…

L’Indienne, qui se trouvait près du lit, tressaillit. Une brûlante rougeur monta à ses joues, elle dégagea doucement sa main dont Dubreuil s’était emparé, et qu’il pressait chaleureusement sur sa poitrine.

Ainaway-min (ami), dit-elle, nous devons, ce soir, causer sérieusement.

— Avant tout, dites-moi que vous m’aimez.

— Je vous aime, répondit-elle d’un accent sincère, mais sans animation.

— Dites-moi aussi, continua le Français, quel intérêt vous a poussée à me servir ?

— Quand mon frère est tombé, frappé par son ennemi, je me suis baissée pour aider à le relever. Mais mon frère n’avait plus le sentiment de l’existence ; on l’a emporté hors de la salle du banquet. Alors, à la place qu’il occupait, j’ai trouvé ce totem. Il m’indiquait mon devoir, j’y ai été fidèle.