— Je lui avais rendu un service.
Meneh-Ouiakon fit un geste d’étonnement.
— Oui, poursuivit Adrien, son canot avait chaviré, et j’ai aidé le Nadoessis à sortir du gouffre dans lequel son imprudence l’avait entraîné.
— Tu as sauvé la vie à Sungush-Ouscta.
— Sungush-Ouscta ! c’est en effet, je crois, le nom qu’il portait.
— Ah ! exclama l’Indienne, si tu dis vrai, que le ciel soit toujours sur ta tête, que ton sentier dans la vie soit droit, sans épines ni cailloux ; que le soleil t’éclaire sans cesse de ses rayons !
Ces paroles furent proférées avec une exaltation qui surprit douloureusement Dubreuil.
— Vous connaissez donc cet Indien ? dit-il avec vivacité.
— Oui, Meneh-Ouiakon le connaît bien.
— Peut-être l’aimez-vous ? hasarda le jeune homme.
— Je l’aime.
À cette déclaration si nette, faite d’un ton ferme, l’ingénieur frissonna.
Pour dissimuler le trouble qu’il éprouvait, il ramena sur son visage sa couverture de peau de buffle.
— Ainsi, reprit Meneh-Ouiakon au bout d’un instant, c’est en récompense de ce que tu as fait pour lui que Sungush-Ouscta t’a fait présent de ce totem ?
— Je vous l’ai dit.