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figures souriantes, harmonieuses, mais dont l’ensemble, mais dont détail tranchent en un si puissant contraste !

Le visage de l’Indienne est beau, nonobstant le peu de régularité des lignes ; mais comme il est étrange, comme ses teintes chaudes, bistrées, sont en opposition avec la blancheur marmoréenne, livide du visage de l’Européen ! comme la barbe noire de celui-ci fait encore ressortir la matité de sa carnation ! comme enfin l’attitude touchante et le costume pittoresque de l’Américaine donnent de l’éclat, de la vie à cette scène si grande dans sa simplicité !

— C’est assez, ma sœur, dit Adrien après avoir savouré une gorgée et en abaissant sur Meneh-Ouiakon un regard humide.

— Mon frère ne veut plus boire ?

— Je n’ai plus soif.

La jeune fille désirait replacer la tête du malade sur la couche.

— Non, demeurez ainsi, je vous en supplie, je suis si bien, dit-il en la couvant des yeux.

La belle Indienne palpitait. Son sein soulevait, par bonds inégaux, la couverte drapée sur ses épaules.

— Mon frère, dit-elle, en retirant son bras, et en arrangeant le lit du malade avec une sollicitude toute maternelle, mon frère a besoin de repos.

— Oh ! non, j’ai dormi assez ; laissez-moi causer avec